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Le Digital Learning, ou l’apprentissage pour tous. 2nde partie : personnes incarcérées

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2nde partie de notre dossier sur Le Digital Learning, la formation pour tous. Nous allons voir cette semaine quelles sont les initiatives mises en place dans les centres pénitentiaires.

 

Dans les centres pénitentiaires, l’accès aux outils numériques est interdit, de façon plus ou moins partielle. Cela ne veut pas dire que l’offre de formation à distance n’existe pas en prison, le CNED ainsi que le FIED (Fédération Interuniversitaire de l’enseignement à distance) ont mis en place des initiatives auprès de cette population. C’est aujourd’hui 38 universités partenaires qui ont proposé des formations à distance.

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Néanmoins, ces initiatives se rapprochent plus d’un cours à distance que d’une réelle pratique du Digital Learning. On est donc en droit de se demander : pourquoi alors aborder dans ce dossier la question du Digital Learning dans les prisons, si dans celles-ci l’ accès à Internet n’existe pas ?

Parce que les choses changent doucement, mais elles changent. Et c’est pour le mieux. Car si le décrochage est un point problématique pour les apprenants ‘classiques’, il l’est d’autant plus chez les personnes incarcérées. En effet, outre un accès restreint voire inexistant aux outils numériques, elles n’ont pas forcément non plus accès à un espace de travail défini, ni à des ouvrages scientifiques/universitaires, ni à un suivi personnalisé qui viendrait rompre leur solitude déjà importante. C’est donc autant d’éléments qu’ont pris en compte le conseil régional d’Ile-de-France et l’Université Paris-Est Marne la Vallée quand ils ont lancé en 2013 un  dispositif  permettant à 60  détenus de Fleury-Mérogis d’accéder à l’enseignement supérieur.  Ces détenus, une fois sélectionnés par une commission composée de représentants de la Région, des services pénitentiaires, de l’Education nationale ainsi que des membres du monde associatif et d’un juge d’application des peines, ont accès à une bourse mensuelle de 200  euros et d’une aide à l’acquisition d’ouvrages universitaires de 150 euros. Qui plus est, l’université s’engage à les dispenser des frais d’inscription et à assurer leur suivi pédagogique. Le centre pénitencier a quant à lui une enveloppe de 100 000 euros destinée à la mise en réseau des cellules individuelles, la rénovation des salles informatiques et l’achat de matériel numérique.

Par ailleurs, outre Atlantique, dans les prisons de l’état d’ Alabama, seront mis à la disposition des prisonniers, des tablettes et ordinateurs avec réseau sécurisé, sur lesquels seront installés des programmes éducatifs. Cette initiative n’est pas sans rappeler une autre, datant de 2015 où 60 tablettes développées par la société Edovo, spécialisée dans la formation à distance pour personnes incarcérées, avaient été commandées par la prison pour femmes Julia Tutwiler.

Au Maroc, le 19 juillet dernier, a été lancé la 2nde phase du programme d’appui à la mise en œuvre de la stratégie de la DGAPR (Administration pénitentiaire à la réinsertion) en partenariat avec le PNUD (Programme des Nations-Unies pour le développement). Cette seconde phase comprend l’instauration dans les établissements pénitentiaires de 10 espaces culturels ainsi que de 10 espaces e-learning.

En donnant  à une personne incarcérée un statut d’étudiant, d’apprenant, on la valorise, on ne nie pas sa dignité humaine. A terme, les objectifs visés sont non seulement de lutter contre son isolement, mais également de mieux préparer sa réinsertion. Néanmoins, dans ce cadre précis, il convient de comprendre la nécessité d’un apprentissage original et personnalisé, afin de ne pas reproduire l’échec du système traditionnel. En effet, la déscolarisation est un paramètre important parmi les populations incarcérées.

La vraie question qui transparait en filigrane étant : faut-il légitimer dans les prisons  l’accès à Internet (certes sécurisé) ? Cette question se pose d’autant plus que cette interdiction est aisément contournée par la quasi totalité des détenus qui parviennent à faire rentrer des téléphones et à se connecter via ce biais. A cela s’ajoute le retard français par rapport aux autres pays européens : l’ Estonie et la Finlande reconnaissent un droit à l’accès Internet, et le Royaume-Uni avec le projet Virtual Campus permet à ses détenus d’accéder à une « palette de sources d’informations dépouillés de tout lien hypertexte et des ressources pour la recherche d’emploi, de logement, la banque, la famille et des cours en ligne ».

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