Histoire de l’Education : la Renaissance

Quelles sont les évolutions qu’a connu le secteur de l’éducation à travers les âges ? Après avoir abordé la Grèce et la Rome Antique, ainsi que le Moyen-Age, nous allons aujourd’hui nous intéresser à la Renaissance. La Renaissance est une période complexe, théâtre de grandes découvertes, tant littéraires que scientifiques (géographiques notamment). L’œil contemporain a placé cette période sur un piédestal, sans pourtant bien retenir les conflits religieux qui l’ont marquée. Mais qu’en est il de la vision de la pédagogie, de la transmission des savoirs ? C’est ce que nous allons voir dans ce nouvel article de notre série ‘Histoire de l’Education’.

 

– Une évolution des contenus transmis :

Précisons d’ores-et-déjà que la Renaissance est apparue en Italie, et ce, dès le XIV ème siècle (on parle alors du Trecento), qu’il commence à se propager au XV ème siècle (le Quatrocento) et s’implante véritablement en Europe au XVI ème siècle (Cinquecento). Couper totalement cette période du Moyen-Age serait donc une erreur.

Nous avons en effet vu dans notre précédent article que dès la fin du Moyen-Age, des théoriciens comme Léon Battista Alberti amorçait déjà une réflexion que l’on pourrait qualifier d’humaniste, notamment sur l’importance que pouvait avoir le corps : ‘L’exercice peut beaucoup pour le corps, et encore plus pour l’âme, si nous veillons à le pratiquer avec raison.‘ Mais c’est surtout Rabelais, qui par le biais de ses personnages de Pantagruel et de Gargantua, va insister sur l’importance d’exercer le corps et l’esprit. Pour lui, tout ce qui peut entraver les besoins, désirs et passions est problématique. La société idéale devrait être une société où la nature, affranchie de ses contraintes, pourrait se développer librement. On est donc loin de cette idée médiévale où le corps pouvait être perçu comme ‘impur’, et où les facultés de médecine étaient les moins prestigieuses.

Outre cette volonté de mettre en avant le corps comme faisant partie intégrante de l’homme, Rabelais va s’opposer violemment à la ‘scolastique’, cet exercice médiéval, très formel, reposant sur la mémorisation et la récitation de textes sans que l’élève soit amené à réfléchir réellement. Il prône au contraire la multiplicité des enseignements (intellectuelle et physique), une éducation qui s’adapterait à l’élève, basée sur l’observation (notamment de la nature), et où l’élève ne serait pas dans une attitude passive.

Autre figure emblématique de cette époque qui s’interroge sur un nouveau modèle pédagogique : Erasme, autrement connu comme le ‘prince des humanistes’. Erasme, philosophe et prêtre hollandais, rejoint Rabelais dans la défense d’une pédagogie où l’élève serait réellement actif. Dans son Traité de civilité puérile publié en 1530, il présente l’idée d’ « un art d’instruire » il met en garde contre le côté stérile de la pure érudition et insiste sur l’importance pour le maître de développer chez l’élève le goût de la connaissance. Selon lui, celui-ci peut s’acquérir grâce au jeu, au rire, aux récompenses et à l’affection. Autre point commun avec Rabelais, sa défense de l’homme en tant qu’être caractérisé par des passions qu’on ne peut nier. Dans son Éloge de la Folie, il écrit : « Suivant la définition des stoïciens, la sagesse consiste à prendre la raison pour guide; la folie, au contraire, à obéir à ses passions; mais pour que la vie des hommes ne soit pas tout à  fait triste et maussade, Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison. »

– Une volonté de vulgariser les savoirs :

 En 1450, Gutemberg invente l’imprimerie. L’impact de cette invention fut telle, que certains historiens vont acter l’apparition de la Renaissance à cette date. Pourquoi une telle importance ? Parce que jusqu’alors, l’écriture des ouvrages était faite par des moines qui retranscrivaient et embellissaient les manuscrits, écrits en latin (ce détail, nous le verrons plus tard,  a son importance). L’imprimerie, à l’instar du numérique aujourd’hui, va considérablement permettre de démocratiser le savoir. Si le premier ouvrage est en effet une Bible, et si pendant près de cinquante ans, les textes imprimés étaient majoritairement en rapport avec le religion, au début XVI ème, l’impression de textes profanes prend une importance considérable. Les manuels scolaires deviennent alors accessibles et des sphères autres qu’ecclésiastiques accèdent au savoir. Autre conséquence : la faculté des arts de Paris devint finalement la plus prestigieuse, dépassant celle de théologie.

Autre événement marquant, en France du moins, qui a participé à cette idée de vulgarisation des savoirs : l’ ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, que l’on doit à François Ier, et qui proclame le français langue officielle. Les textes administratifs et juridiques ne sont donc plus en latin (langue de l’élite finalement) mais en français. Néanmoins, cette décision s’explique surtout par la volonté d’asseoir le pouvoir royal au détriment de pouvoir ecclésiastique. Même si cette décision va constituer symboliquement une volonté de démocratiser les décisions juridiques, la langue d’oc (parlée dans le Sud de la France ) et la langue d’oil (parlée elle au Nord) restent majoritaires.

 

Des figures littéraires féminines apparaissent : la poétesse lyonnaise Louise Labé, Christine de Pisan ou bien encore Marguerite de Navarre, soeur de François 1er et auteure de l’Heptaméron.

Une certaine réflexion sur l’ éducation des filles commence à apparaître. Dans son article ‘L’éducation des filles à l’époque moderne’, Martine Sonnet écrit :  » Chez les humanistes, Vivès affirme le premier que l’instruction est nécessaire aux jeunes filles, aux épouses et aux veuves. Pour autant, il ne leur concède qu’un enseignement bien spécifique, dans lequel les travaux domestiques prennent le pas sur la lecture et l’écriture, et sans latin – alors véritable clef de l’accès à la connnaissance. Erasme le suit : les filles doivent être instruites, au moins parce que les hommes et les femmes sont appelés à vivre ensemble. Rabelais pousse ce principe jusqu’à l’utopie : les deux sexes, également libres et instruits, se mêlent en parfaite harmonie à l’abbaye de Thélème. L’autre vague porteuse du principe de l’accès des femmes à la culture se propage avec la Réforme protestante. Luther souhaite que se multiplient les écoles, pour les filles comme pour les garçons, afin que tous apprennent à lire et accèdent ainsi directement à l’Ecriture, traduite en langue vulgaire, base de sa doctrine. »

 

 

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